La pauvre Europe

Et si nous changions nos paradigmes ? Et si, à l’aune du troisième millénaire, nous osions renverser la vapeur et faire avancer le train de notre humanité dans une autre direction ? Remplacer les échelles de mesure, trop matérielles, trop économiques, trop comparatives, par d’autres moins tangibles, moins quantifiables, au risque de devenir plus stimulantes et plus fécondes…

Quel pays, quelle région pourrait obtenir le palmarès de l’hospitalité, de l’accueil gratuit et bienveillant ? Celui de la gentillesse ?

Nous opposons souvent la « vieille Europe » à la « jeune Afrique », alors que nous savons bien que nos ancêtres sont africains. Et la « riche Europe » à la « pauvre Afrique ». D’où nous vient cette image d’Epinal ? Dommageable pour nos deux continents, car elle compare et mesure en des termes trop convenus le développement de notre monde. Si chacun d’entre nous avait un ou deux téléphones portables, tablettes et autres voitures, l’humanité aurait-elle atteint son apogée ?

Le monde ne peut continuer à ne se développer que par le biais d’outils technologiques et par un modernisme matériel qui tend à enfermer l’homme sur son individualisme et à le scléroser.

Et si nous changions nos paradigmes et jugions notre Europe à l’échelle de l’hospitalité et de son accueil à l’autre ? De sa capacité à offrir, à partager et non à gaspiller ? Quel bilan tirerions-nous ? D’emblée, sans outils ou unités de mesure, nécessaires, nous pourrions la qualifier de « pauvre Europe » et, à l’inverse, l’Afrique monterait sur le podium et verrait son blason redoré car, en termes d’hospitalité, l’Afrique reste éveillée à la mémoire de ses traditions et coutumes, même si, par l’appât de l’enrichissement matériel, elle est, elle aussi, en train de perdre un peu de son âme originelle.

Quant à l’Europe, sans un véritable accueil de l’autre, tout étranger qu’il soit, elle se meurt démographiquement, se sclérose de crainte et de frilosité sociales, se cherche sur la base de valeurs nouvelles, non empiriques, particulières et non universelles (les « nouveaux droits des minorités »), sans se trouver pour autant.

En somme, l’Europe patauge et risque fort de se radicaliser.

Changeons donc nos paradigmes et misons sur l’enrichissement de cœur, moral et spirituel de notre vieille Europe. C’est notre pari à Josefa, de nous inviter à un changement de regard, des uns sur les autres, des uns et des autres sur le monde et ses continents, et de modifier ou d’abandonner les outils de mesure du « développement », à la mode occidentale. Par le biais d’un accueil en réciprocité et d’un accord sur la nécessité d’une co-insertion, la Maison Josefa se veut, à sa mesure, actrice de ce changement sociétal.