Regard anti « migrants »

Si les paroles médiatiques, politiques, voire académiques, devaient être prises au sérieux, les sociétés européennes laisseraient paraitre deux tendances opposées face aux dits-migrants : les « pour » et les « contre »

Dialectiques de l’hospitalité et du rejet, des frontières ouvertes et des murs, de la sécurité des uns versus la non mise en sécurité des autres... Bref des points de vue rassemblés arbitrairement en deux camps « ouverts » (pour et contre) autour d’un camp « clos » qui serait celui des dits-migrants.

Cette analyse descriptive est certes un peu réductrice voire arbitraire ; pour autant, elle n’est pas si éloignée de ce défi auxquelles l’Europe, en particulier, est confrontée et que beaucoup ont choisi d’appeler « la crise des migrants » !

Dans notre approche critique, franchissons une étape de plus : qui saurait raisonnablement dire qui est « un migrant » et qui ne l’est pas ? L’OIM, l’UNESCO, Wikipédia…, quelques anthropologues ou sociologues européens… ?

Vu selon ce regard, le sujet est sérieux ; il y va de la vie de millions d’hommes ou de femmes. Et qui oserait avouer la pertinence de cette césure entre « migrants » et « non-migrants » sur laquelle débouchent finalement les approches actuelles ?

La dramatique humaine s’amplifie : comment, en notre siècle, continuer à penser ainsi, à choisir de porter un regard sur les uns au titre qu’ils seraient « des migrants » et un autre regard sur les autres au titre qu’ils seraient « non-migrants » ?

Nos sociétés semblent devenues aveugles ; le seul regard qui surnage semble ainsi être un regard « économico-politique » : cette classe « des migrants » viendrait constituer un terrain de jeu politique, médiatique, social pour une société en mal de projets, en quête de gestes.

Où va-t-on ainsi, les uns sans les autres ?

La Fondation Josefa s’éloigne de cette approche, la refuse en clamant simplement que « nous sommes tous migrants » en vertu de notre humanité-migrante, selon nos unicités et selon les diverses facettes de notre condition humaine : physique, spatio-temporelle ; psycho-intellectuelle et spirituelle.

Outre l’expérience vécue à Bruxelles, depuis 2015 au sein de la Maison Josefa, la Fondation Josefa tente de déployer l’étendard de notre humanité : plus jamais de discrimination les uns « migrants », les autres non. Josefa pose un regard résolument anti « migrants », car, tous, toi et moi, chacun à notre manière, nous sommes « migrants ».

Comprenne qui pourra, qui voudra.

Pierre