Migration avortée

D’un corps à un autre, d’un habitat à un autre, que dire de ces « corps-humains » dont la migration biologique est stoppée par décision humaine ?

Sans vouloir poursuivre ici un questionnement moral, il nous semble important, pour une organisation comme Josefa qui aborde le phénomène migratoire comme fondement de notre humanité, de nous interroger avec le plus grand respect pour toutes ces « vies » (sinon humaines, au sens de certaines juridictions dites éthiques, du moins engagées dans un processus biologique) dont le parcours migratoire est irrémédiablement stoppé à quelques semaines d’un enfantement à la vie que connait tout être-humain, pour ne pas dire être-vivant.

Là encore, sans vouloir manquer de respect à quiconque, dans son parcours dit migratoire (au sens classiquement entendu du terme), n’y-a-t-il pas un manque, voire un vide, à apprécier la vie humaine de dits « migrants », en sa perte, alors que des millions de migrations sont avortées, lorsqu’il s’agit de parler de vie biologique ?

Il ne s’agit aucunement de polémiquer sur la légitimité de telle ou telle biopolitique qui accorde ce droit à mettre un terme à la migration vers la vie biologique de tel ou tel « petit homme », mais, tout simplement de dire : « Pourquoi ? ».

Pourquoi, dans un cas, il semble que le plus grand nombre d’entre nous s’accordent sur cette possibilité/liberté de mettre un terme à un processus biologique engagé alors que, globalement, dans un autre cas, les mêmes personnes s’accordent assez mal (et c’est tout à fait légitime) avec le fait qu’une autre migration (spatiale/géographique) soit dramatiquement contrariée avec de nombreuses vies perdues ou détruites ?

N’y a-t-il pas là un paradoxe bien difficile à appréhender relativement au « prix de la vie » en vue d’accéder à cet Habitat qu’est notre humanité.

Sans vouloir rouvrir des livres qui semblent définitivement fermés au nom de la « liberté humaine » qui a ainsi la capacité d’interférer et d’avorter une migration à venir, il est loisible de poser une autre question fondamentale à nos migrations. Qui (individuellement ou collectivement) a le « droit » de décider de la migration (de sa réalisation ou de son « avortement ») de la Vie ?

Antoine