Je venais de divorcer et étais à la recherche d’un logement à Bruxelles pour une période de courte durée. Un beau jour, ma fille trouva une annonce sur le site de la Fondation Josefa…
Celle-ci cherchait un habitant néerlandophone qui, en contribution de l’hébergement, pourrait assurer la communication néerlandophone. Je n’avais pas idée de ce qu’était la Fondation Josefa. En mars, j’ai eu une rencontre avec Gilbert Granjon, le fondateur de Josefa. Après un peu d’hésitation, je me suis prononcé comme candidat. Le 1er avril 2016, je suis venu habiter à la Maison Josefa.
Au début, c’était toute une adaptation. J’étais seul néerlandophone dans un environnement majoritairement francophone. C’était une vraie découverte. Comment se situent les relations humaines ? Qui fait quoi ? Qu’est-ce que c’est Josefa finalement ? Comment partages-tu ta vie dans un ancien couvent, parmi un groupe venant de diverses origines ? Un hongrois, plusieurs personnes réfugiées venant de Syrie et d’Irak, Gilbert et sa femme, de France, d’autres belges… et puis le réseau proche de sympathisants, donateurs, amis, bénévoles et passants qui franchissent le sol de Josefa. Le souper hebdomadaire du lundi. Et puis, toutes ces autres activités… : une lecture, un concert, une activité commune quelconque, cuisiner et nettoyer ensemble, jouer aux cartes, fêter un anniversaire… Mes yeux s’ouvraient petit-à-petit.
Elargissement du champ de vision
Pas à pas, je me familiarisais à une manière de vivre que je ne connaissais pas. Ce que je recevais en échange en valait la peine. Très réservé au début, je me suis petit à petit ouvert. Je contribuais à la version néerlandophone du site web et aux newsletters. Je fis connaissance avec la vision que porte la Fondation Josefa. Mon regard sur l’humain s’élargit. Je me senti de plus en plus impliqué. Cela n’a pas toujours été facile. Parfois le contact était spontané ; à d’autres moments, il y avait des tensions. Vivre ensemble avec d’autres est en premier lieu un apprentissage et cela implique de chuter et de se relever.
C’est aussi l’écoute. Suis-je prêt à entendre l’histoire des autres ? Hussein raconte son parcours d’exil de plusieurs semaines pour venir de l’Irak en Belgique. Hassam et Waleed arrivent à Josefa après de multiples péripéties, mais ayant dû laisser, en un premier temps, femme et enfant en Syrie. Une sœur, Christine, qui part en Irak. Il y a tant d’histoires… Et moi, athéiste convaincu, qui, à Josefa, rentre en contact avec la diversité confessionnelle et la dimension religieuse à laquelle j’avais renoncé, durant mon adolescence.
Miroir
Ce que j’ai surtout appris à Josefa est que chaque personne est un miroir. Un miroir qui me donne l’occasion d’en apprendre quelque chose sur moi-même. Peut-être que je découvre l’empathie, la chaleur, la compassion. Mais peut-être que je découvre également des zones d’ombres que je n’aime pas et que je veux repousser. Rejet, égoïsme, colère, amertume, prétention, tristesse… Que me fait la présence de l’autre ? Quel impact il/elle a sur moi ? Comment j’y fais face ? Est-ce que je m’ouvre ou est-ce que je me ferme ? Que m’apprend l’autre de moi-même ? Suis-je prêt à sortir de ma propre zone de confort, limitée ? Ou est-ce que je m’accroche à ma façon de penser et à mes convictions.
Est-ce que j’ouvre ou je ferme mon cœur à cette femme ou cet homme unique face à moi. Cet autre, réfugié, migrant, travailleur d’un pays lointain ? Cet intellectuel, ce père, cette mère, cet enfant, ce célibataire… ?
Suis-je capable de voir un homme comme moi dans chaque visage, chaque histoire ? Un migrant qui est en route vers sa propre destiné que, souvent, il ne connait pas encore, que moi-même je ne la connais pas encore…
9 mois
J’ai habité neuf mois à la Maison Josefa. C’était une grossesse magnifique et enrichissante. J’ai créé de nouvelles amitiés. Je me sens reconnaissant d’avoir pu vivre cela. La vie à Josefa a élargi ma vision des choses, a rendu ma vie plus intense, riche, a ouvert mon cœur. Cela m’a rendu plus fort pour accueillir et affronter la vie avec plus d’amour et de confiance. Je remercie Gilbert, Annabelle, Matyas, Waleed, Hassam, Lina, Hussein, Ziad, Jessica, Guillaume, Laetitia, Patricia et tous les autres pour ce chemin de vie partagé ensemble.
Jan