Migrations ?

Que signifie « migrations » pour moi : un mot, un langage, un phénomène, des expériences, un péril, une source, la vie, la mort ?

Quelles en sont les possibles définitions, les contours, les frontières ? 

Il est intéressant de noter que le terme « migrants » est devenu d'usage excessivement courant aujourd'hui mais, en réalité, dans nos réalités historiques, temporelles ou spatiales, qui saurait véritablement le définir et selon quels critères consensuellement reconnus par nous tous ? En effet, aucune définition n’est établie, entre autres, en matière juridique ou législative.

Plus radicalement, plus authentiquement, comme il s’agit, en fait, tout simplement de nous, humains, dont il est question ici, nous pourrions aborder « la chose » comme un fait de sens et de foi en notre humanité… par-delà les multiples dramatiques vécues à travers l’histoire. Foi en nos migrations d’êtres vivants car elles sont vies, renouveaux possibles, étonnements et transformations du regard, même si, pour beaucoup, le prix à payer, singulièrement ou particulièrement, relève d’une migration radicale : l’exil au-delà d’une mort, partielle ou totale, annoncée ou inattendue.

Bref, migrations, ce sont nos conditions migrantes, chaque fois uniques, chaque fois annonciatrices d’un demain autre. Certes, souvent, trop souvent, contraintes dans les carcans de traditions, de sociologies, de cultures, de visions que nous, humains, avons rendu bien étroites, selon nos croyances, nos sciences, nos théologies ou nos philosophies. Mais, il reste que ces moments d’étroitesses, voire d’étranglements, sont aussi des passages pour penser, construire, en soi et avec autrui, autrement.

Des possibles apparaissent, de nouvelles migrations se révèlent.

Alors, il n’est assurément ni sage, ni bon, ni juste de restreindre « migrations » à un mot, à une dimension, à une définition, aussi raisonnée, scientifique, multifactorielle, interdisciplinaire ou multiculturelle… fût-elle.

Nos migrations ne sont pas tournées vers le passé, mais vivent d’un futur au présent.

Migrations est une invitation à une conversion… la mienne, la nôtre, à un changement de mon regard face, entre autres, à la question du quoi, du pourquoi, de mon être... de mon existence.

Aussi diverses que singulièrement uniques, nos migrations nous constituent, nous traversent, tant les miennes que celles d'autrui.

Ensemble, elles sont ce que je suis, elles façonnent ce que je deviens, que je le veuille ou non.

Migrations nous font « migrant(s) » ; elles nous rendent « libres », de la vie, de la mort.

Gilbert