A l’heure où la question « migratoire » continue d’animer les chaumières politiciennes, en Europe, en particulier, et que, en route vers le Maroc, le Global Compact for Migration poursuit ses préparatifs, il semble que, chaque jour qui passe, la « migration » s’en trouve davantage « sacralisée »...
En effet, c’est comme si chacun s’aventurait à vouloir porter un avis sur « la question » et, en même temps, sans en atteindre véritablement le cœur.
Certes, certains d’entre nous, hier, aujourd’hui et demain, font l’expérience d’une migration dite « forcée », de l’exil, dans lesquels la liberté est bien mise à mal ; certes, certains d’entre nous semblent avoir ou se donner une autorité pour « en » parler, mais, au final, qui, mieux que moi, peut parler de mon itinéraire, de ma migration ?
De fait, ne suis-je pas né migrant, fruit d’une migration qui m’a précédé jusqu’au jour de ma naissance ? Entré dans une histoire d’humanité où mon parcours, ma vie, ne seront que « migration ».
Dès lors, toi comme moi, à des degrés singulièrement différenciés, nous expérimentons le fait, la réalité d’être né comme tel : migrant.
Et, d’ailleurs, radicalement, trop souvent tragiquement, nos migrations réalisent notre naissance comme telle.
Alors, sans plus attendre, sans explication académique ou politicienne, saurai-je m’accorder à notre condition migrante, la tienne, la mienne, sans excès d’hospitalité, mais simplement me reconnaissant, comme toi, né comme tel.
Gilbert