Apprendre à se savoir invité, entre nous, tous migrants.
Se penser être-humain, ne serait-ce pas s’apercevoir et se regarder comme un autre ? Dès lors, entre moi, soi et un autre, apparaît, se crée un espace, un entre-deux qui engage, qui invite, qui, parfois, contraint, à une migration…
Comment traverser cette espace-frontière qui nous donne d’être différents, uniquement différents ? Avec ses jambes, avec son esprit, avec sa parole, avec son regard ? Certes, mais d’abord et avant tout en se sachant migrant. Au-delà de la liberté, de la contrainte, notre « affaire » humaine, si elle peut traverser les âges, s’unir, se dés-unir, c’est d’abord, et finalement, car l’actualité de notre dire humain est le fruit de notre migration.
Comme le temps, comme l’espace, que je contemple, que je subis, qui me sont, je me dois d’apprendre mon être migrant. Que tu me l’enseignes, que je te l’enseigne, inexorablement, seul, ensemble, selon notre rythme propre, l’unique cantus firmus demeure à jamais depuis demain jusqu’à hier : migration.
Migration des saisons de ma vie, migrations de mes jours, migration vers toi, et de toi, vers moi, ensemble, je suis migrant avec toi.
Tu me révèles à mon être-migrant, en m’accueillant ou en me repoussant, dans la lettre ou dans l’esprit, dans la forme ou dans le fond, dans la haine ou dans la Paix, dans la mort ou dans la Vie.
Migrant, j’apprends à être-migrant.
Gilbert