Migrations, virus et frontières… à tout prix.

Tout en respectant nos situations singulières ou particulières, il nous semble néanmoins possible de questionner nos actualités. Ainsi, nous pourrions interroger la place de l’homme dans le champ biologique et dans ses frontières : réalité spatio-temporelle, part développée, évolutionnée ou augmentée de la Vie, créature spécifique, virus « en soi » (cf. anthropocène) …

De même, en regard de la vision Josefa, cet être-humain n’est-il pas fondamentalement être-migrant ?

Dès lors, quid des frontières en matière de langages anthropologiques, sociologiques, politiques, économiques, philosophiques, théologiques, artistiques, voire spirituels, de flux matériels ou culturels, de flux monétarisés et, assurément, d’infections virales, réelles ou virtuelles ?

N’y-a-t-il pas, en écoutant nos migrations ou en regardant, sans lien a priori, le déploiement de « virus », une question à (se) poser quant à la notion même de « frontières » ? Si l’on considère simplement leur statut géographico-politique ou spatial, qu’en est-il encore de leur signification, voire de leur réalité : constructrice ou destructrice ? Qu’en est-il de leur performativité éthique au sens de leur service du « Bien commun » ? Au service de quelles « valeurs », de quelle(s) source(s) de « sens » sont-elles créées, entretenues, défendues ou contestées ?

Dans cette voie, nous pourrions identiquement questionner la notion de « frontières infra-humaines ». Quelle part, en moi, sujet, agent, créature, est encore, consciemment ou non, autre, « étranger », au sens d’une « pureté » ou d’une virginité « virale » ou « migratoire » ? Ne sommes-nous pas, tous, d’une manière avant tout unique, en migration, d’ordre physique, psychologique, intellectuel ou spirituel et ce, bien au-delà des « frontières » ou précisément en raison des frontières ?

Aussi, face aux réels défis que sont nos migrations et nos virus, comment et pourquoi vouloir préserver des frontières, à tout prix ?

Gilbert