Migration et fraternité

Pour la Journée Mondiale du Réfugié, le 20 juin dernier, notre planète a célébré un triste record : plus 60 millions d’entre nous, migrants forcés à l’exil à travers le monde, entre autres, pour des raisons de guerre. Notons que la plupart se sont déplacés entre des pays du Sud et que seul un nombre limité d’entre eux a cherché à rejoindre l’Europe …

Malade de sa richesse trop souvent mal partagée et de son appétit incommensurable de consommation, le monde occidental se dit globalement inquiet devant l’arrivée de ces personnes qui demandent asile et il ne trouve pas vraiment d’autre réponse que fermer ses frontières, construire des murs ou des réseaux de barbelés, et mettre en place des hotspots, dispositif étonnant de « tri » entre ces personnes qui cherchent refuge dans des pays qui ont pourtant les moyens de les accueillir. Dans la même veine protectionniste, le monde occidental vise aussi à les retenir, en amont, entre autres, dans les pays africains de « transit ».

N’est-il pas vrai qu’en 1989, la chute du mur de Berlin avait été célébrée comme la victoire de la liberté de circulation, droit reconnu à toute personne. Mais, alors pourquoi, aujourd’hui, ce sont quelque 40 000 kilomètres de murs qui séparent des peuples les uns des autres ? « Chaque peuple est fondé à se croire pour lui-même pacifique et fraternel. La violence, l'agression viennent toujours de l'autre, l'étranger, le barbare, celui qui n'a pas la même couleur de peau, prie autrement et parle différemment. Il faut (le) repousser le plus loin possible des frontières du pays, solidaire et défendu »Josefa/Newsletter%20Josefa%20Septembre%202016%2026072016.docx#_ftn1">[1].

Cette conception des relations entre groupes humains est aussi vieille que l’humanité. Mais, il est fort surprenant de voir qu’elle ressurgit de manière si véhémente en ces premières décades du 21ème siècle. Il paraissait juste de penser que l’humanité avait majoritairement grandi en solidarité, pour ne pas dire en fraternité. Comme une énorme régression, ces fréquents relents de méfiance et de racisme semblent submerger ce que beaucoup croyait être des acquis de civilisation.

De fait, Josefa ne partage pas les positions de repli identitaire, qu’elles soient individuelles et collectives et parfois, heureusement, rarement audibles ; mais, elle n’échappe pas non plus à son environnement. Sa proposition est le déploiement de la Maison Josefa, avec des espaces de co-résidence et d’hospitalité en réciprocité entre migrants, forcés ou non à l’exil, pour chercher à vivre ensemble nos migrations et à en partager fraternellement et librement le « meilleur ». Dans l’espoir que le regard de tous puisse en être paisiblement et durablement transformé.

Jean-Louis



Josefa/Newsletter%20Josefa%20Septembre%202016%2026072016.docx#_ftnref1">[1] Lettre ouverte de Michel Rocard, Le nouvel observateur, 7 mars 2013.