Migrante… au sein d’un couple

L’on sait parler de migration et physique et géographique. De ce point de vue, on peut me considérer comme personne migrante…

Mais je fais une courte pause et jette des idées qui me viennent à l’esprit en regardant le site de Josefa et me pose la question : ma migration a-t-elle vraiment commencé ou non ?

Au moment où je pensais vivre les richesses de la migration culturelle que m’a offerte la vie d’un couple « mixte », je me rends compte que je n’ai fait que du sur place. Etonnant pour un couple qui a été uni par les liens du mariage et, on peut le supposer, de l’amour, n’est-ce pas ?

Migrer vers l’autre : toute une histoire.

Migrer vers soi : un apprentissage.

Migrer vers les autres : un enrichissement perpétuel.

Migrer au cœur de la vie : toute une école.

Je ne pensais pas qu’ayant choisi délibérément de migrer officiellement, je pouvais me retrouver dans une angoisse, conscientisée ou non, de n’être pas chez moi.

Chez soi ? Où est-on chez soi ? Je pourrais dire « partout ».

Partout où l’on se sent bien : les paysages, la mentalité, la culture, les personnes qu’on rencontre nous plaisent...

Partout où nous avons des liens d’affections : la famille, les amis…

Partout où nous avons des intérêts : un travail, une maison…

Physiquement, je suis une migrante depuis 15 ans et, simplement, du fait de l’exercice de liberté de mon mari, qui était devenu le « chez moi », je risque de me retrouver sans toi (en face d’un moi), sans travail, sans toit, sans terre…

Alors, je me rends compte de la difficulté de parler, de comprendre et de vivre la migration si je ne migre pas d’abord à l’intérieur de moi, avant de migrer, bouger vers l’autre, et… compatir (se mettre à la place de l’autre est pour moi une forme de migration).

Je pense que ma prochaine escale de migrante sera au-dedans de moi : peut-être fallait-il commencer par-là ? M’accueillir moi-même avant d’être accueillie par un autre et devenir complémentaire ?

Véronique