Histoire de chaussures

« N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures ». C’est le titre d’un livre de Paola Pigani, mais, aussi, il me semble, un proverbe tzigane. Toute rencontre vraie ouvre un espace mutuel où chacun dévoile un peu de lui-même pour enrichir l’autre. Faire de la place en soi pour l’autre demande du temps, de la patience envers soi-même et envers l’autre. Chacun se déchausse et fait un petit bout de chemin vers l’autre.

Mon désir de rejoindre la Maison Josefa en tant que bénévole m’invite à faire un détour par la simple présence, à être là gratuitement. J’ai appris et j’apprends au fil des rencontres – car chaque rencontre nous met constamment à neuf - à me laisser accueillir par l’autre avant de vouloir l’accueillir, à recevoir de lui avant de vouloir lui donner. Venir les mains vides, gratuitement, est une étape déconcertante, mais nécessaire pour ne pas passer à côté d’autrui.

D’un voyage au Brésil, j’ai retenu cette phrase peinte sur un mur : « L’essentiel n’est pas le but à atteindre mais le chemin parcouru ensemble ». Alors je prends le temps de cheminer, de rencontrer les résidents de la Maison Josefa. Lors de mon premier repas partagé à la Maison Josefa, tout le monde parlait anglais autour de la table, et mon anglais est très mauvais. Voilà, arraché pour diverses raisons de son pays et arrivant dans un autre, avec un peu de chance, on comprend un mot sur quatre. Ce soir-là, je faisais l’expérience de venir d’ailleurs.

Valérie