Espace culturel Josefa

Au cœur de Bruxelles, à la Maison Josefa, un « espace-culturel » s’ouvre à l’esprit des éléments qui nous constituent et qui nous façonnent : nos migrations. Une « bulle » dont les éléments éveillent en chacun de nous un espace d'imagination et nous offrent une invitation pour dévoiler notre étonnement

Appréhender l'expérience fluide de la dérive. Ou du dé-rêve qui conduit à la rêverie. Dérive et dé-rêve flottent ensemble, crées par l'image. L'image, avant les mots, premier outil de notre enfance pour qualifier notre rapport au monde qui en devient alors quasi fusionnel ; image-outil pour tisser nos liens avec le mystère des choses, le mystère du monde.

Au contraire du rêve qui, par définition, est un état de dépossession de soi, le dé-rêve (ou rêverie) maintient en fusion le sujet et l’objet : la distinction disparaît. L'image est langagière, les mots font rêver, les mots eux-mêmes « rêvent ». Cela peut faire penser aux tristes sires qui prônent une orthographe inclusive en supprimant l'accent circonflexe sur le mot « île » : n'est-ce pas alors supprimer l'image du palmier de ce mot joli ?

Invitation au visiteur, au voyageur…

Dès lors, l’espace prend appui sur un matériau objectif, utilitaire, préformaté, quantifié, mesuré, produit par un espace psycho-géographique que sont nos villes, nos pays. Ce matériau est le plastique - partagé par la majeure partie de notre humanité dans notre système de production effréné - dont les déchets flottent en nombre à la surface de nos océans et forment de nouveaux continents, des îles flottantes dévitalisées. La matière devient surface. Comment ne pas aussi avoir un regard à l'égard des « exilés » des terres infertiles qui jettent leur dévolu sur des côtes supposées ouvrir les portes de « riches terres », lorsque leur dérive incertaine leur donne d'y arriver ? En respect de chacun, Josefa n’aborde-t-elle pas, d’ailleurs, nos migrations comme sources de/et plasticités sociétales ?

Plastique en vitrail de couleurs chamarrées ou discrètes, structuré ou laissé libre, à la dérive, dont chaque élément vient se superposer à l'autre pour former une intensité élémentaire, une tonalité, une profondeur transparente comme l'eau des océans. C’est, en quelque sorte, le paradoxe d'une extase matérielle comme leitmotiv radiographique de ce à quoi nous avons à nous confronter aujourd'hui, nous tous migrants, chacun, chacune, à notre manière.

De part en part la composition résonne comme un sismographe de l'âme, mais peut aussi être vu comme le diagramme de fréquences sonores… le "bruit de l’étonnement" en somme, propre aux aspirations de l’espace Josefa

Jean-François