Phénoménalité et migrations

Fermons les yeux un instant : imaginons la figure annoncée, montrée, dévisagée d’« un migrant » ; visage connu ou vu en rue ou via les médias

Ouvrons et refermons les yeux : centrons nous sur nous-mêmes, sur moi-même en tant que migrant quels que soient mon vécu ou la mémoire de mon histoire.

Revenons à nous, à l’instant présent. Accordons-nous un temps, un moment pour apprécier cette expérience.

Que chacun en son unicité puisse laisser advenir la distance ou la non-distance entre ces deux états, ces deux moments, ces deux histoires, ces deux êtres.

Suis-je réellement, véritablement, aussi autre en ma migration qu’autrui imaginé en sa condition voulue ou non de dit « migrant » ?

Que dire encore de cette possible révélation paradoxale entre moi-migrant et autrui-toi qui se voit appelé « migrant » ?

N’y-a-t-il pas là, possiblement, en cette banale expérience, l’énoncé d’un phénomène qui se révèle et me révèle à ma condition humaine-migrante ?

Il peut en advenir, selon une certaine approche, la nôtre proposée ici, que nos migrations se fassent possible rapprochement unifiant entre « nous », au gré de nos diversités ; toi et moi constitués, constituants d’une phénoménalité anthropologique, révélation d’une ontologie dite « migrations ».

L’Histoire elle-même pourrait alors être vue, perçue, lue comme migrante.

Pourquoi, dès lors, préserver, encourager encore un pharisianisme social, politique, médiatique, voire religieux, autour de la cause, de la catégorie des « migrants » ?

Il nous semble qu’il est temps, que le temps est venu, d’apprécier que toi, comme moi, nous sommes en migrations, migrants uniques au cœur de nos migrations, elles-mêmes migration.

Gilbert