Migration en tout sens

Accepter le sens, tout le sens, tous les sens de nos migrations, y compris celui ou ceux qui ne nous apparaissent pas ou qui nous semblent très éloignés de nos champs conceptuels.

Que reste-t-il de sens, de « chez soi », lorsque plus rien n’est visible, lorsque la distance, parfois irréversible, s’est installée ? Et que même la mémoire et le souvenir ont été affectés par les mutations, les exils, les combats…

Certes, il n’y a pas une voie unique, un sens unique sur le chemin de nos vies ; certes, nos vies sont faites d’allers et de retours, voire de non-retours.

Mais, accueillir le sens de nos migrations, c’est, cependant, en quelque sorte, se laisser déborder dans son identité propre par une nouveauté inattendue, subversive, voire dramatique, au point où la liberté parfois peut même paraitre ne plus s’exercer.

Migration en tous sens : ce n’est pas non plus qu’une affaire de direction, de précipitation, de plongée ; c’est aussi éventuellement, une exaltation, une inspiration qui, à travers les générations, ou au cœur d’une vie, peut nous donner de changer de sens, de renouveler un sens traditionnel, voire de s’éloigner d’une société close sur elle-même.

En sorte que l’autre, humain ou expérience humaine, se fait potentiellement offre de sens, à tout instant, en tout lieu, comme si, migrants en tout sens, quoiqu’il advienne, nous le sommes, le devenons, le demeurons : migration en tout sens, au sens ultime d’une demeure éternelle qui se ferait dévoilement de sens. Migration et chez soi seraient les deux faces d’une même humanité, la nôtre, pour nous, aventuriers en tout sens, en quête d’une arche encore un peu voilée à nos yeux aveuglés par un sens voulu trop souvent uniquement humain, trop humain.

Gilbert