Migrant : La Peur de la liberté

Dans sa perception actuelle et dans sa gestion politique, en Europe, en particulier, le phénomène migratoire semble assurément défier les sociétés dites libérales...

A ce titre, il serait légitime de s’interroger sur l’exercice de la « liberté » dont l’Europe dit être affublée et dont elle se voudrait témoin.

En effet, la venue, en « ses terres », en un territoire « protégé », d’un autre qualifié de « migrant », vu, la plupart du temps, comme « corps étranger », soulève au mieux une curiosité empathique, au pire un rejet.

Comment, dès lors, regarder cette société qui se dit « librement démocratique » mais où, précisément, la liberté mise comme socle est régulièrement refusée à l’autre qui vient ? Comment des hommes dits libres peuvent-ils laisser paraitre une peur de cet autre dans l’exercice même d’un geste ultimement libre : l’exil ? Qui plus que cet autre est témoin de la liberté et de son réel exercice ?

La liberté est-t-elle davantage exercée par celui ou celle qui demeure ou par celui ou celle qui s’en vient ? En son exercice propre, la liberté se trouve confrontée à l’hospitalité.

Dans la voie Josefa où tous nous sommes reconnus « migrants », et non pas seulement certains dits « des migrants », se pose très simplement, pour chacun, pour chacune, en son unicité, la question de l’apprentissage de la liberté, voire de la légitimité à être libre ; comme un effet miroir entre nous tous.

En fait, la peur de la liberté des uns (qui se prétendent libres) apparait en réalité comme révélatrice de leur peur de la liberté exercée par les autres (que l’on dit paradoxalement contraints à un exil forcé).

A cet endroit, nos migrations s’entrechoquent dans la perception (réelle ou symbolique) de la liberté en son expression historique. La liberté apparait bien là comme un Bien commun et non pas simplement comme un « paradigme idolâtré ».

Osons poser un regard migrant sur nos libertés nourries les unes des autres afin de les déconstruire pour les reconstruire sans peur.

Gilbert