Moi, migrant ?

A cette question, il ne s’agit aucunement de répondre à la place d’autrui, à votre place. Et, c’est bien là le défi que tente de relever Josefa depuis plusieurs années.

Eviter de penser à la place d’autrui, vaste challenge « politique » ; mais, en même temps, pas si inaccessible que cela si la question « moi, migrant ? » se laisse approprier par chacun, par « moi », avant de vouloir la poser en portant son regard sur autrui sans passer par soi. Les « migrants », les « réfugiés, les « demandeurs d’asile », les…, les… ; et moi, dans tout cela, moi, suis-je migrant ? Identités, appartenances, catégories, tout y passe.

En fait, la question est révolutionnairement simple : « n’en suis-je pas, moi aussi de cette migration que tout homme est appelé à vivre ? Migrant n’est alors plus un attribut, migrer n’est plus un droit ; mais, beaucoup plus radicalement, migrant se rattache à ma condition humaine : migrer constitue mon « humanité ».

Bien sûr, il s’agit alors de ne pas tout mélanger au risque d’une irrespectueuse confusion. Il y a des migrations (spatiales, temporelles, intellectuelles, spirituelles) qui apparaissent ou sont vécues sous la contrainte ; d’autres semblent plus libres ; mais la plupart expriment, dans leur authenticité, une mise en vulnérabilité.

Il n’en reste pas moins que, pour Josefa, il s’agit de ne pas se contenter de regarder passer le train de l’histoire et de ses exils, mais, contraint ou libre, d’en être, car, inéluctablement, j’en suis, singulièrement, particulièrement, ou, tout simplement, humainement.

Moi, migrant ? A vous, à nous, à chacun, d’oser la question.

Gilbert