Conversion migratoire : Le cœur de JOSEFA

Concernant l’espace qui sera le cœur de la Maison Josefa, à savoir le lieu de prière et de méditation, vous m’avez proposé d’en écrire quelques mots…

Pour cela, je vais reprendre ce qui a nourri jusque-là notre démarche.

L’espace se veut une étape invitatoire à celles et ceux qui franchiront le seuil de la Maison Josefa, pour y résider ou pour y bénéficier d’un service (restauration, médecine ou culture), une proposition à un changement de regard sur nos migrations, à une conversion migratoire.

En effet, pour rappel, la Maison Josefa offrira dans ses murs, outre 42 unités de logement, deux niveaux de restaurants, un espace culturel et un espace de médecine ; ces espaces sont là pour favoriser l’insertion de la Maison Josefa dans le paysage urbain et encourager les liens entre les résidents, personnes réfugiées et non réfugiées, et les personnes environnantes ou visiteuses.

Le défi proposé aux architectes est de penser la Maison Josefa comme un élément dynamique sur nos routes, à nous tous migrants, libres ou forcés. Ainsi, il est souhaitable que l’architecture globale, et particulièrement intérieure, soutienne le sens de l’hospitalité vécue en réciprocité, le mouvement et le vivre-ensemble, en interne de la Maison Josefa, mais aussi en articulation avec la cité.

Et, dans cette voie, l’espace de prière et de méditation s’inscrit, certes, comme une invitation à se poser, à faire « silence », à se recueillir, à méditer, à prier, mais surtout comme un respect de la liberté de chacun dans son expression convictionnelle, ou personnelle.

Avant de penser ou de souligner l’appartenance confessionnelle ou religieuse, il s’agit d’abord d’honorer nos humanités en leur capacité d’intériorité selon un premier pilier Josefa : la dimension éthique exprimant le cheminement ensemble.

Un autre point essentiel, voire fondamental, pour Josefa, est la dimension esthétique. Le « Beau » se voit comme vecteur d’Espérance. L’Autre se dit à nous. Certes, les nuances sont vastes en matière d’appréciation du Beau, mais un fond commun devrait appeler un consensus (une communion).

Le troisième pilier de la Maison Josefa est la dimension économique au sens où la maison est le cœur rayonnant de la cité, la « loi vivante ». Le cœur de la Maison Josefa, espace heureux de méditation, de prière, partagée ou non, veut vibrer selon les mêmes harmoniques fondamentales.

Ce cantus firmus qu’est l’hospitalité doit faire « sens » pour les passagers de l’espace de méditation. L’espace doit se vivre comme une expérience de soi à l’autre. Il s’agit d’offrir à chacun la possibilité d’un temps où l’attente se fait féconde.

Enfin, à ce stade de notre cheminement, quant à cet espace/temps, au cœur de la Maison Josefa, au cœur de la cité, au cœur de nos migrations, il est bon d’oser évoquer l’enjeu inter-dit, « inter-religieux ». Quel cœur à corps penser pour favoriser l’insertion de l’espace Josefa dans les relations entre croyants et libres penseurs, entre chrétiens et non chrétiens, entre personnes qui souhaitent confier un peu d’elles-mêmes à Autrui ?

Dès lors, la pensée de ce « lieu » en devient une expérience et se prolongera par notre partage, signe de conversion migratoire, inscrite en notre possible présence « priante » de « nous autres, ensemble, migrants d’humanité », au cœur de la Maison Josefa.

Gilbert